Ce sujet est la suite du fil suivant : https://en-avant-la-planete.fr/forum/main-forum/rene-dumont-suite-et-lafrique/

Le second fut Jean Kelling.

Son enseignement portait sur les industries agroalimentaires dont le développement à l’époque dans notre Pays était encore assez balbutiant.  Je n’en ai pas retenu grand-chose. Mais l’essentiel était ailleurs, dans le récit circonstancier de son intervention déterminante en tant qu’expert judiciaire de la défense au procès retentissant de Marie Besnard, celle que les journaux dénommaient, depuis le début de l’affaire, « l’empoisonneuse de Loudun. »   

L’éminent professeur, cabotin s’il en est, aimait à répéter qu’il avait sauvé la tête de l’accusée en prouvant que les teneurs d’arsenic relevées dans les corps exhumés du cimetière de Loudun (chimie) pouvaient résulter des conditions de sol (pédologie) et de putréfaction (microbiologie), voire de la fabrication des cercueils (technologie). Démonstration si besoin était que l’agronomie est une science multi domaines. Voire une science de convergence au service de la plus vitale des causes, celle de nourrir durablement l’humanité.

J’appris avec lui que la concordance des temps et des événements n’était pas suffisante pour prouver une relation de causalité, et surtout que le doute doit accompagner chaque étape de toute démarche se voulant scientifique.

Dans cette affaire, nous ne connaîtrons jamais la vérité. Et ce n’est pas le rôle de la Justice de la dire. Le rôle de la Justice est de réunir des faits, de les soupeser et de dire si oui ou non il existe un doute raisonnable sur l’éventuelle culpabilité de l’accusé(e). En l’occurrence, grâce à sa palette d’expériences et de compétences, qui est la marque de l’agronome, Jean Kelling réussit avec brio à convaincre les jurés du tribunal de Bordeaux de l’existence d’un doute légitime qui devait profiter à l’accusée. Grâce à quoi, Marie Besnard ressortit enfin libre de cette très longue péripétie judiciaire.