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Le troisième, Michel Sébillotte, intervint plus tardivement, en troisième année d’Agro. 

C’était un enseignant tonique, pour ne pas dire tonitruant. L’année d’ « agriculture comparée » débuta par un premier trimestre consacré, entre autres, à la lecture obligatoire et abondement commentée du livre de Gaston Bachelard, « La formation de l’esprit scientifique » sous-titré « Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective.» Tout est dit ou presque dans le sous-titre. Ce bouquin qui tient toujours une place de choix dans ma bibliothèque m’a  permis de doter ma petite boite à outils personnelle d’une grille de lecture et d'analyse des intentions, cachées ou non, de mes interlocuteurs, quels qu’ils soient. Raison pour laquelle, depuis cette époque, je n’ai cessé de chasser le pathos et les émotions soumis au poids des egos dans les divers points de vue exprimés par les uns et par les autres.

Paradoxalement, Michel Sébillotte, tout aussi éminent qu’il était, n’était pas à l’abri de tomber lui-même dans les pièges psychanalytiques qu’il s’escrimait à dénoncer chez les autres. Comme moi-même, sans aucun doute.

Néanmoins, quand il s’en donnait la peine, il avait l’art d’élever la réflexion à des niveaux insoupçonnés. Je me souviens d’un cours apparemment improvisé (mais l’était-il vraiment ?) sur les thématiques comparées de croissance et de développement. Aujourd’hui encore, je m’y réfère avec émotion. Et je pense que nos gouvernants souvent enclin à la confusion sémantique feraient bien d’y réfléchir : croissance et développement, par exemple à propos de l’économie dite libérale et de ses conséquences ; universalité et uniformité, à propos du futur régime des retraites et/ou de la construction européenne ; religion et liberté de conscience, à propos des déclarations récentes sémantiquement erronées de quelques unes et de quelques uns d’entre eux.